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Transhumanisme
Par BSA**********EUR le 01/01/2018 01:17:13:00, cet article a été lu 104 fois.


De l'homme réparé à l'homme transformé, le transhumanisme.

 

Au fil des siècles, la réparation du corps humain au moyen de prothèses plus ou moins complexes n'a cessé d'évoluer. Des simples lunettes au cœur artificiel, des sonotones aux prothèses de hanche, les exemples sont multiples, et en nombre croissant, de ces dispositifs visant à corriger ce qui était diminué. Chaque jour de nouvelles annonces laissent entrevoir des possibilités jusque là inimaginables, telles un pancréas permettant aux diabétiques d'en finir avec les injections d'insuline ou des stimulateurs adaptés à certaines formes de la maladie de Parkinson.  Des prothèses commandées par la pensée existeront probablement demain. Quel que soit l'organe considéré, "la réparation du corps humain devient le terrain de tous les possibles… L'homme réparé est bien une chimère mêlant du soi et du non-soi, du biologique et du composite" 1.

Cette situation soulève déjà des interrogations : elle "pose la question du regard que l'homme pose sur lui-même, de la manière dont il se conçoit, sujet ou objet … ; l'homme réparé n'est pas un corps remis simplement à neuf, mais un corps nouveau [qui va modifier] le vécu de celui qui l'habite" 1

 

Pourtant, aussi performantes que soient ces techniques, elles visent seulement à soulager un être diminué, à le maintenir au plus près de la bonne santé. Tel n'est pas le cas des modifications cherchant à produire ce qui est désormais appelé l'homme augmenté (puis transformé), objet du transhumanisme (ou posthumanisme). Apparu en 1957 sous la plume de Julian Huxley (frère d'Aldous), puis oublié, le mot de transhumanisme est réapparu aux USA à la fin des années 90 pour désigner un mouvement prônant l'usage des sciences et techniques pour "améliorer" les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains.

Les techniques en jeu sont regroupées sous le sigle NBIC (pour nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives). Leur "grande convergence" qui doit tout permettre, est attendue pour les années 2030 à 2050. Elles visent, selon la typologie donnée par Jean-Guilhem Xerri 2:

1) à améliorer les performances humaines (physiques, cognitives, sensorielles, émotionnelles, et même morales),

2) à s'affranchir peu à peu de la réalité biologique du corps pour privilégier l'activité cérébrale, connectée à de supports externes qui restent à définir

3) à développer les robots, de plus en plus "intelligents", au service de l'homme.

 

Ce transhumanisme (porté notamment par l'américain Ray Kurzweil) ne vise rien moins qu'une espèce humaine nouvelle, quasi immortelle, objet "d'un pacte fusionnel avec un univers technologique … Dénombrable jusque dans ses ultimes composantes, ravaudable et guérissable à l'infini, le transhumain s'offre comme une métacréature en expansion constante … ouverte à toute adjonction optionnelle et innovation structurelle" 2.

 

Ces théories sont portées par des universitaires de renom et soutenues par des moyens financiers considérables (notamment à travers des subventions de Google aux laboratoires concernés). Cependant  de grands noms du monde technique tels que Bill Gates commencent à tirer la sonnette d'alarme.

 

Les questions morales et éthiques soulevées par le transhumanisme sont évidemment légion : de quel humain parle-t-on ? Qu'est-ce qui fonde l'humanité ? Qui "profiterait" de ces transformations ? L'homme peut-il vivre sans se donner de limites ? Que signifie vivre si la mort n'est pas le terme du chemin ? etc.

Le transhumanisme est, c'est une litote, à l'opposé de la fragilité chrétienne qui ouvre aux autres et nous fait grandir en humanité. Centré sur une prolongation irréfléchie de la vie terrestre, il ignore notre espérance fondamentale de la résurrection.

Bernard Sauveur

 

1 Hervé Chneiwess, L'homme réparé, Plon 2012

2 Jean-Guilhem Xerri, Le transhumanisme, Documents Épiscopat, 1er septembre 2013

3 François Angelier, Demain les posthumains, Le Monde 12 août 2016.