L'Église commence par une question : « Aux dires des gens, qui suis-je ? »; « Et pour vous qui suis-je ? ». Au coeur de ces interrogations, Jésus annonce : « Je bâtirai mon Église ». Les siècles se sont succédé depuis cette promesse et les réponses se sont accumulées au fil du temps. Réduire l'Église à ce qu'elle a dit, aux dogmes qu'elle a énoncés, aux normes et à la morale qu'elle a élaborées serait la trahir. Elle repose sur la Parole qui a pris chair.
Prétendre avoir le dernier mot revient à étouffer la Parole. Celle-ci meurt quand elle n'est pas relancée. Rejoindre l'Église là où elle commence, là où la parole jaillit comme une source, c'est la rejoindre là où se posent les questions toujours nouvelles qui ouvrent l'avenir. Parler d'Église en question revient à rejoindre le Verbe qui se fait chair, la Parole qui prend corps et qui continue à épouser la forme d'une promesse. Où va l'Église ? Quelle Église voulons-nous ? Quelle Église s'annonce ? Quelle Église est promise ?
En nous tournant vers des Communautés réparties sur d'autres continents, nous sortons de nos évidences occidentales et nous entrons dans la cohérence d'universalité qui qualifie l'Église catholique. En nous tournant vers tous nos contemporains, nous entrons dans les sentiments de Jésus, dans cette Passion où nous reconnaissons la tendre compassion de Dieu.
Être là où l'Église est en question, c'est être dans l'attente toujours relancée d'une réponse ; autrement dit c'est demeurer en situation d'écoute. Est-il besoin de rappeler que l'étymologie latine du mot «écouter» a débouché sur le mot « obéissance ». Que celui-ci soit souvent confondu avec soumission est un dommage que nous regrettons et auquel nous tentons d'échapper en prêtant l'oreille à tous les appels humains où nous sommes invités à discerner le travail de l'Esprit ("Ce que l'Esprit dit aux Eglises", Apocalypse).
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