"C’est seulement si nous nous laissons réconcilier dans le Seigneur Jésus avec le Père et avec nos frères que nous pouvons être vraiment dans la paix"
Et cela, nous l’avons tous ressenti dans notre cœur lorsque nous allons nous confesser, avec un poids sur l’âme, un peu de tristesse; et quand nous recevons le pardon de Jésus, nous sommes en paix, avec cette paix de l’âme qui est si belle et que seul Jésus peut donner, lui seul. »
Pape François audience générale, 19 février 2014
LE PARDON
Scanner la tête du curé quand il
confesse ?
Samedi 24 mars, journée de la
réconciliation de 10h à 17h30.
C’est un genre particulier :
les gens défilent les uns à la suite des autres, sans discontinuer. L’un à
peine parti, qu’un autre arrive !
Chacun débarque avec son plus
important fardeau. Il est porteur d’une attente, d’un
désir que j’ignore. Je sais bien qu’ils viennent chercher le pardon de Dieu,
mais je ne sais pas ce que cela veut dire pour le nouveau venu.
A peine ai-je enfilé mon aube,
que la première personne attend déjà. Pas trop le temps de souffler entre deux.
Je ne suis jamais prêt pour cet
exercice... J’aimerais avoir du temps pour prier, pour « digérer »
les dernières confidences … mais non : cela défile.
« Pousse-toi de là que je m’y mette ! » semble me dire
Dieu.
Le rythme soutenu des passages,
le sentiment d’être utilisé, que personne ne semble se soucier si je suis
disponible, me rappelle que ce n’est pas moi qui suis en cause. Je suis là
comme un serviteur et on se sert de moi.
C’est ce que j’ai voulu le jour
de mon ordination : Servir. La réalité de cette journée me rappelle,
par-delà la vision idéalisée et romantique, ce que cela veut réellement dire.
Les baptisés comprennent cela
intuitivement ; ils défilent sans cesse. Dans ces instants, ce sont eux
qui me disent ce que c’est qu’être prêtre ; « tu as voulu servir ? alors sers ! ».
Me revient la phrase de sainte
Thérèse de Lisieux : « le
Seigneur a eu besoin de moi, comme un balai ; après, il m’a remise
derrière la porte… »
Alors, je tente de servir, avec
mes humeurs, mes limites, mon péché.
Alors chacun vient et dépose son
fardeau, comme dans une consigne. Rien de magique. On ne sort pas de la
confession débarrassé. Le poids est le même, mais on le porte à deux. Pauvreté
des mots !
« Pousse-toi de là que je m’y mette ! ».
Les silences, le souffle, la
posture en disent autant que les mots.
Pauvreté des mots du prêtre :
« que le Seigneur lui-même t’accorde
le pardon et la paix. Et moi, au nom de la mission que l’Église m’a confiée, je
te pardonne … ».
De mon côté me disposer, créer un
espace confident, me creuser, laisser le mystère de l’autre - l’Autre- prendre toute la place. Etre comme une
éponge, laisser cette histoire inconnue, ce péché, cette conscience, cette foi,
cette idolâtrie parfois, prendre toute la place.
« Pousse-toi de là que je m’y mette ! ».
Que répondre aux
confidences ? Le faut-il ? Pauvreté de mes silences...
Ce n’est pas à moi de comprendre,
d’analyser.
Le laisser comprendre et proposer
une trace, dans la broussaille de la complexité des vies. Ce n’est pas à moi
d’être positif.
Le laisser convertir en issue de
secours les culs-de-sac du péché.
Dans l’Évangile, Jésus est
assailli par la foule et ne rejette pas, ne se protège pas…
Je ne sais pas ce que veut dire
« pardonner, aimer plus fort que le
péché, que l’offense », Si ce n’est pas Toi, Seigneur qui leur dit,
mes mots sont vains.
Alors, c’est bien volontiers que
je me pousse pour que tu t’y mettes.
En fin de journée, le corps
épuisé, l’esprit vidé, une prière surgit : « prends, Seigneur, et
reçois : je te rends tout ce que j’ai vu, entendu… Disposes-en selon ta
volonté… »
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